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Peut-on concilier port de lentilles journalières et écoresponsabilité ?

Un dilemme au cœur des usages modernes

Le port de lentilles de contact journalières séduit par son confort, son hygiène, et sa praticité. Mais à l’heure où les enjeux environnementaux occupent une place croissante dans les décisions d’achat, une question s’impose : ces lentilles à usage unique sont-elles compatibles avec une démarche écoresponsable ?

Entre perception de gaspillage, multiplication des emballages et difficulté de recyclage, le doute plane. Pourtant, plusieurs laboratoires – à commencer par CooperVision, Menicon ou Mark’ennovy – s’engagent aujourd’hui activement pour réduire leur empreinte écologique.

🌍 Une empreinte réelle… mais à nuancer

Les lentilles journalières génèrent effectivement plus de déchets que les mensuelles, en raison de leur fréquence de renouvellement. Chaque port quotidien implique une lentille pour chaque œil, un emballage individuel (blister), et une boîte secondaire. En moyenne, un porteur quotidien consomme plus de 730 lentilles par an.

Mais en volume et en poids, l’impact est plus nuancé qu’il n’y paraît :

  • Le plastique des lentilles et des blisters représente moins de 0,5 % des déchets plastiques d’un ménage moyen.

  • Une année complète de lentilles journalières équivaut environ à 9 flacons de shampooing en plastique.

L’impact environnemental ne se mesure donc pas seulement à la quantité de déchets visibles, mais aussi à la gestion de leur fin de vie, à la traçabilité des matières premières et à l’empreinte carbone de la fabrication.

♻️ Les initiatives concrètes des laboratoires

🔹 CooperVision : pionnier du recyclage et de la neutralité plastique

CooperVision s’est positionné comme l’un des laboratoires les plus engagés avec plusieurs actions fortes :

  • Programme de recyclage des blisters et lentilles (en partenariat avec TerraCycle) : disponible au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne… mais pas encore en France.

  • Certification Plastic Neutral depuis 2021 avec Plastic Bank : pour chaque boîte vendue, une quantité équivalente de plastique est récupérée dans les océans ou les zones à risque. En 2023, ce sont plus de 250 millions de lentilles compensées.

Le laboratoire affiche également une volonté de transparence sur ses sites de production certifiés LEED et ses efforts de réduction de consommation d’eau et d’énergie.

🔹 Menicon : des matériaux repensés pour durer

Menicon mise sur une approche différente : réduire à la source, en développant des lentilles plus durables ou avec des matériaux biosourcés. Leurs gammes journalières comme Miru 1day Flat Pack se distinguent :

  • Packaging ultra-plat, 80 % plus fin que les blisters classiques, réduisant significativement le volume transporté.

  • Moins de matériaux utilisés, donc moins de déchets générés.

L’emballage a été salué par de nombreux prix internationaux pour son ingénierie éco-conçue.

🔹 Mark’ennovy : lentilles sur mesure et production raisonnée

Mark’ennovy, spécialiste des lentilles sur ordonnance, propose une production à la demande, évitant les excès de stock, les invendus et les déchets associés. Son approche artisanale et hautement personnalisée permet :

  • Une optimisation logistique (moins de trajets inutiles).

  • Une réduction des déchets liés à la surconsommation.

Le laboratoire s’intéresse également à la fabrication de matériaux à faible impact environnemental, et développe des partenariats de recherche autour des biomatériaux.

🧑‍⚕️ Quel rôle pour les opticiens et les porteurs ?

En magasin :

  • Sensibiliser les porteurs à ne jamais jeter leurs lentilles dans les toilettes ou l’évier, pour éviter la pollution microplastique des eaux.

  • Proposer des solutions de récupération pour les blisters (type boîte de collecte à l’entrée).

  • Guider les consommateurs vers des gammes plus responsables, selon leurs besoins visuels et leurs convictions écologiques.

Côté utilisateur :

  • Recycler les blisters avec les emballages métalliques (aluminium) et plastiques, lorsque la commune le permet.

  • Choisir des lentilles avec des emballages plus sobres, voire s’orienter vers des lentilles mensuelles ou rigides si leur mode de vie le permet.

En conclusion : une transition en cours, des efforts à amplifier

Oui, le port de lentilles journalières peut s’inscrire dans une démarche écoresponsable… à condition de faire les bons choix et de soutenir les acteurs engagés. Les laboratoires innovent, les opticiens ont un rôle de relais, et les porteurs peuvent devenir des consom’acteurs avisés.

Le défi est encore grand, notamment en France où les programmes de recyclage sont à la traîne. Mais les solutions existent, et l’industrie de la contactologie montre qu’elle est prête à évoluer pour répondre aux exigences écologiques de demain.